Une journée sinistre parmi tant d'autres à Basin City...
Vernon Thorpe, jeune promu au titre de procureur fédéral en poste en ville vaque à ses occupations, après avoir été rendre visite au palais de justice, passé à la bibliothèque emprunter moult ouvrages pour rattraper ses extraordinaires lacunes juridiques, le voilà à l'arrière d'un taxi le menant en direction d'un rendez-vous immanquable avec l'un de ses plus solides appuis politiques, un artisan majeur de cette énorme escroquerie qu'est son élection au poste de procureur.
Je regarde les rues défiler par la fenêtre, ne prêtant guère attention à ce simulacre de musique que diffuse l'auto-radio et ses partenaires de choc les enceintes grésillantes.
Le chauffeur a bien tenté de faire la conversation, mon attaché-case et la cravate l'auront convaincu de se rendre sympathique avec le potentiel généreux donateur de pourboire.
Je ne pipe mot, ce rendez-vous me rend nerveux, je connais à peine ces types qui ont jugé si judicieux de me confier ce poste clé, alors que je n'ai guère eu le temps de faire mes preuves en ville, curieux amis que ceux d'Hattaway, j'ai une connaissance aigüe des psychologies louches depuis le temps, mais le facteur pouvoir économique et politique rend le jugement difficile, tous sont impalpables, difficiles à cerner...
A mes côtés cette bombe atomique de Carmen Chen, celle qu'on m'a imposé comme assistante, « imposé » est un bien grand mot, la plastique de cette jeune eurasienne ainsi que ses connaissances approfondies de juriste en font une aide indispensable, ELLE fait mon travail, pour la partie rendue publique du moins.
Il semblerait qu'elle remplisse également les fonctions de garde du corps... Si j'en juge l'arsenal qu'elle garde dans ce sac qui ne la quitte jamais et qu'elle pense certainement m'être inconnu.
Carmen donne le change avec cet imbécile de chauffeur qui revient sans cesse à la charge, préservant ainsi ma relative tranquilité, elle est douée.
Nous arrivons, un hôtel particulier, bien entendu, c'est qu'on est presque voisins, je m'en rend seulement compte, je peine encore à m'orienter dans cette immense ville. Après tout je suis plus coutumier des convois dans le désert que des réceptions mondaines et du train de vie urbain, mais ce rythme de vie convient à mon tempérament je m'y surprend chaque jour un peu plus.
Bien.
Carmen paie le pénible et nous sortons de la voiture...