Alder Building - 41ème étage - Cabinet de comptable Sullivan

Je referme mes livres de comptes et jette un oeil à la pendule ; celle-ci indique déjà deux heures du matin, une heure à laquelle un mari aimant se devrait d'être à la maison depuis bien longtemps. Mais je ne suis visiblement pas un mari aimant, encore moins un citoyen respectueux, malgré les apparences.

Je me serre un verre de scotch bien mérité et m'approche de la grand baie vitrée. La vue est splendide : le Adler Building est un des plus hauts gratte-ciel de la ville. Vue d'en haut, même Sin City offre une vision de rêve. Quarante étages me séparent du trottoir, de la vermine et du vice. Une sirène résonne entre les immeubles en contrebas... probablement une patrouille qui se dirige vers un autre crime sordide. Mais ici, dans mon sanctuaire, tout n'est que sécurité et volupté : une ambiance qui sent le cuir et les bois précieux, un lieu où la satisfaction du travail bien fait m'aide à oublier les tracas du quotidien. Mais ces problèmes finiront toujours par me rattrapper. Ma femme Audrey qui ne me parle plus, mes deux filles que je ne veux pas voir grandir dans cette ville pourrie par le péché, et surtout la Famillia. Une famille qu'on ne quitte pas facilement, et qui me retient à mon poste comme un oiseau dans une cage dorée depuis maintenant plusieurs années. Inutile d'y penser ainsi, mieux se contenter de vivre ce qu'il reste de vie...

Je sirote mon scotch et tente de me concentrer sur de vrais problèmes. La mafia locale est en pleine ébullition, un nouveau parrain doit arriver en ville d'ici peu. On murmure un nom, Michael Sciutto. Pour tout le monde en ville, beaucoup de choses vont changer, même si peu s'en doutent. En bien ou en mal, il y aura du changement, beaucoup de changement. Le tout est de savoir tirer son épingle du jeu. Toutefois, il est encore trop tôt pour décider quoi que ce soit. Il faut d'abord savoir de quelle trempe est fait l'homme qui débarquera à Sin City. Ensuite, il faudra agir vite et savoir de quel côté se ranger.

Mais en attendant, inutile de se triturer les méninges, j'ai bien mérité une nuit de repos. Je finis mon verre et enfile ma veste. Pour une fois, je n'irais pas brûler la nuit au Old Town Babes, ni dans aucun autre bar. Mieux vaut rejoindre directement mon pavillon sur les hauteurs, à Sacred Oaks. Les jours qui viennent risquent d'être éprouvants...