Discussion entre filles [pv Hell]

Encore une journée comme une autre venait de prendre fin...
Le ciel bleu avait été engloutit par la nuit noir et elle n'avait même pas daigné laisser quelques étoiles allumer légèrement la voûte céleste. Les rues de la Vielle Ville paraissaient encore plus glauques que d'habitude. Mais ce n'était rien pour celles qui avaient faire d'Old Town leure ville. Les filles la commandait et ce, de manière parfaitement huilée. De ce fait, les filles étant sous la protection des prostituées de la Vielle Ville ne craignaient absolument rien du moment qu'elle restait dans cette dernière. Les rues, même les plus mal famées n'étaient rien pour les prostituées. Les truands? Les flics? Ils ne s'aventuraient jamais ici. Et si l'envie leur prenait, ce n'était sûrement pas pour leur travail mais plus pour leur ceinture qu'autre chose. Et puis, les filles d'Old Town n'étaient pas sadiques: si l'on respectait les lois établies, personne ne chercherait de noises à quiconque. C'était ainsi, un point c'est tout.

Dans une de ces ruelles sombres, une ombre fine se mouvait avec grâce et aisance dans le noir de la nuit. Des bruits de talons foulant le sol. Des bruissements de toile... A y regarder de plus près, cette ombre fine possédait une jolie forme humaine aux courbures bien dessinées. Sortant de la ruelle noire, passant sous un lampadaire, l'ombre se mua en une jeune femme aux lèvres pulpeuses et au regard froid. Ces talons claquaient toujours le sol de manière continue, les pans de sa robe sans bretelles noire fendue volaient à demi, dévoilant ses belles jambes surplombées par un long manteau de cuir. Ces jarretelles se laissaient deviner sous le fin tissu noir de la robe. Seule touche de couleur dans cet ensemble: un petit lacet rouge noué autour du coup de la jeune femme. Ce dernier bougeait lentement au rythme de la respiration de la brune.
Au bout de quelques minutes encore de marche, le bruit des talons cessa. Arrivée devant la porte de service du Old Town Babes, la jeune femme frappa à la porte. A peine une fraction de secondes après qu'elle eut taper, une autre fille, plus jeune vient lui ouvrir. Elles échangèrent quelques mots et la fille au lacet rouge rentra finalement. La plus jeune la conduisit dans une petite salle pourvu d'une seule table ronde. La brune s'assit sur une chaise, les jambes croisées et s'allumant une clope, se mit à attendre celle qui lui avait donné rendez-vous ici.

La nuit s’étend sur la ville. Le jour s’éteint, Old Town s’éveille. Comme une fourmilière dont s’échappent de petites ouvrières, les filles rejoignent chacune leur quartier. Chacune leur endroit à tapiner. La vie suit son cours sans incidence. Après le calme, la tempête dit-on. Et jamais les affaires n’ont aussi bien marché dans la vieille ville. Les filles font leur boulot et retournent chez elles saines et sauves. Pas de cicatrices. Pas de cocards. Les malades auraient-ils déserté cette ville infectée ? J’ai peu d’espoir en cette théorie. La paix n’existe pas ici. La vieille ville s’est débarrassé des anciens parasites mais de nouveaux frétillent à nouveau dans ce cadavre fumant. La mafia. La pieuvre. Nos ennemis de toujours sont de retour en ville. Ils commencent à se faire une réputation. Pas des petites pointures. Risques à prévoir.

C’est cette vision de l’avenir qui m’a poussé à donner rendez-vous à Elena à l’Old Town Babes. Je la vois traîner depuis quelques années dans la vieille ville sans vraiment avoir eu de rapports avec elle mais elle est récemment montée en grade. Un poste à responsabilités qu’elle va devoir assumer. Les filles ont besoin de figures fortes derrière lesquelles se liguer. Il faut que je m’entretienne avec elle. Voir ce qu’elle a dans le ventre. Voir ce qu’elle vaut. Une jolie frimousse et une belle paire de nibards ne sont pas les seuls critères pour devenir prostituée à Old Town. Surtout à ce rang-là. Nos filles sont aussi des guerrières, doivent savoir réfléchir et pas pisser dans leur string quand la situation se complique.

Les lumières clinquantes du bar m’apparaissent. J’espère qu’elle est déjà là. Je n’aime pas attendre. Le bruit de mes talons sur le trottoir éveille l’attention du videur. Il ne lui faut que quelques instants pour me reconnaître. L’éternel jupe droite que j’arbore les jours de réunion avec les filles ne lui a pas échappé. Une chemise blanche légère et largement décolletée vient compléter ma tenue. C’est marrant. Habillée comme ça, je pourrais quasiment aller bosser dans ces immeubles hype du centre-ville. Un peu trop provocateur peut-être. J’entre par la porte de service sans prendre la peine de frapper. Les jeunes femmes me regardent, me saluent et retournent à leurs occupations.

Mon invitée est là, à une table. Elégante. Son style me plaît. J’aurais été embêtée de me retrouver face à une blondasse siliconée en rose barbie. La sobriété m’apparaît comme un signe de sagesse et de maturité. Elle ne manque pas de sensualité pour autant. Réellement, elle me plaît. Ce qui est pourtant rare chez une femme. Je m’approche de ma démarche chaloupée et m’assoit en face d’elle.

Bonjour, Elena. J’imagine que tu sais qui je suis. Je ne tournerais pas autour du pot. Si je t’ai donné rendez-vous ici, c’est avant tout pour juger si tu as les épaules d’assumer un poste à responsabilités et pour que nous discutions de la situation actuelle et à venir.

Je fais une pause, allume une clope. Parler pour ne rien dire, ça n’a jamais été mon truc. J’espère qu’elle ne s’offusquera pas de mon tempérament direct.

Alors, si on reprenait du début. Dis-moi, qu’est-ce qui t’a amené dans la vieille ville ?